Le recrutement était déjà suspect. Par l'Internet. La sélection trop simple, trop rapide. Ils auraient dû se méfier. Mais Roman, charpentier, Damian, peintre en bâtiment, Henryk, opérateur dans une entreprise de contreplaqués, avaient trop envie d'y croire. Le besoin d'argent a balayé les doutes et quand les minibus sont arrivés dans leur village de Basse-Silésie ou de Grande-Pologne, ils ont sauté dedans. Direction la France. Plus précisément Faverges en Haute-Savoie. Là, ils sont tous devenus sous-traitants pour une petite entreprise du bâtiment de la région, les Charpentiers bâtisseurs.
Et assurés, pensaient-ils alors, d'un bon salaire : quatre fois ce qu'ils auraient gagné en Pologne, logement en prime. «On me proposait entre 1 000 et 1 200 euros par mois», dit Roman, 33 ans, contre 700 zlotys (l'équivalent de 180 euros) en Pologne. «En Basse-Silésie, on ne pouvait pas joindre les deux bouts. J'étais venu pour améliorer la situation.
Ma femme gagne 700 zlotys par mois comme vendeuse. Or notre loyer s'élève à 500 zlotys», témoigne Damien, 32 ans, qui devait revenir chez lui «en père Noël».
«Esclavagisme». Mais, il y a une semaine, ce sont les poches vides qu'ils sont repartis. Sans le secours d'un autocariste qui les a reconduits gratuitement à Varsovie, et sans l'aide de la CGT, Roman et Damien n'auraient même pas pu payer leur voyage.
Comme leurs dix camarades, tous embauchés par la même filière.
Et comme la plupart des Polonais auxquels pareille mésaventure est arrivée. Les cas de ces ouvriers «importés» de Pologne dans des conditions frisant l'esclavagisme se multiplient.
Mais, faute de trouver sur le territoire français l'assistance nécessaire, rares sont ceux qui peuvent aller plaider leur cause devant un tribunal. Ceux de Faverges ont, eux, eu le soutien d'un syndicat, d'une inspection du travail qui a dressé un procès verbal d'infraction (transmis au parquet le 28 décembre) et d'un avocat qui va plaider leur cause devant les prud'hommes. L'audience est programmée aujourd'hui.
Les photos des chalets qu'ils ont bardés et charpentés sont là : sur le téléphone portable de l'un d'eux. Brandies comme preuve de leurs huit à treize heures de travail par jour, pendant trois, quatre, voire six mois selon les cas. Le tout sans salaire. «Very good, very good, vous serez payé le mois prochain», leur rétorquait-on après avoir inspecté leur boulot.
De mois en mois, un nouveau prétexte excusait l'absence de rémunération : «Le travail est mal fait», «Les clients n'ont pas payé…» A la place, ils recevaient 20 ou 30 euros par semaine pour «acheter de quoi manger». «Des raviolis en conserve, c'est tout ce qu'on pouvait se permettre et encore pas tous les jours», raconte l'un d'entre eux.
Et s'ils n'étaient pas contents, 100 euros pour solde de tout compte et un retour au pays.
Dans le groupe, certains ont choisi cette solution, persuadés qu'on leur rendrait justice dans leur pays. Mais leur employeur, la société polonaise Europol, celle qui les a recrutés par l'Internet, a, depuis, disparu de la circulation.
Arriérés de salaires. Les autres ont espéré meilleure fortune en continuant de travailler gratuitement.
Puis le 6 décembre, la CGT est tombée sur eux. «Un hasard incroyable», reconnaît Agnès Naton, de l'union départementale. Depuis, le syndicat ne les a pas lâchés. «En Pologne, notre situation n'aurait ému personne.» Roman n'en revient pas des actions de solidarité pour «quelques gars comme [eux]». Il est d'autant plus reconnaissant qu'en Pologne il n'aura pas de travail avant la fin de l'hiver. «Dans le bâtiment, ils n'embauchent pas en cette saison.»
Sa mère avait le «pressentiment» qu'il rentrerait les mains vides. Il espère la démentir en obtenant gain de cause aux prud'hommes. Leur avocate, Valérie Mallard, va réclamer environ 4 000 euros d'arriérés de salaires pour chacun.
La société Europol étant introuvable, ce sont les Charpentiers bâtisseurs qui devraient être mis à contribution.
Le donneur d'ordre ne peut faire comme s'il n'avait rien vu. En droit, il doit «s'assurer de la procédure de détachement des salariés, de leur titre de séjour et de l'existence de salaires», commente Me Mallard.
C'est comme cela qu'en juillet le Domaine de la Reine a dû se substituer à un sous-traitant polonais, et verser 32 000 euros d'arriérés de salaires aux 21 Polonais venus travailler sur un chantier de construction à SuperBesse (Puy-de-Dôme).
Si la directive Bolkestein a perdu sa référence au «principe du pays d'origine» (qui voulait qu'une entreprise française, par exemple, puisse faire travailler un Européen selon les normes sociales en vigueur dans son pays d'origine), l'esprit semble être resté. On dira que ce sont là pratiques délictueuses d'obscures officines polonaises ou allemandes.
C'est par elles généralement qu'arrivent ces travailleurs. Mais tout cela arrange bien ces entreprises françaises qui font comme si elles ne voyaient rien. Et ce qui vaut pour le bâtiment vaut aussi pour l'agriculture. Le 19 décembre, trois frères, maraîchers du Rhône, ont été condamnés. Selon la CFDT qui s'est porté partie civile, ils avaient embauché 79 Polonais sous le statut fictif d'artisans. Payés une misère. Encore moins encore que les Maghrébins auxquels ils se substituaient. «L'Europe me plaît, surtout la France, dit Roman décidément pas rancunier. Si ça se représente, je repars. Mais cette fois, j'essaierai de vérifier la véracité du montage.» La CGT aimerait surtout qu'il prévienne ses compatriotes du mirage des recrutements express
J'ai fait un petit article sur mon blog à ce sujet mais j'espère que la SARL les Charpentiers bâtisseurs de Doussard, aura une bonne pub sur notre région, car les chalets en cause n'ont pas dû être payé en Zlotys polonais, la décence m'interdira d'écrire ce que je pense de ce f....r d'entrepreneur, et qu'il ne vienne pas nous dire que les charges et les impôts le ruinent, car les prix qui nous sont proposés au motif que nous travaillons pour certains en suisse suffisent largement à payer des ouvriers polonais convenablement…
C'est une honte! Tu as raison de souligner les faits.
Mais il ne faut pas généraliser. Je connais des cas précis où cela se passe très bien et où cette main d'oeuvre polonaise est très contente (maçonnerie, bucheronnage, montage de maison bois…).
Mais cela relance le débat sur le problème de la main d'oeuvre en france où on remarque plusieurs choses :
-les jeunes ne sont plus intéressés par les métiers "manuels", les entreprises ont du mal à trouver de la main d'oeuvre et certaines cherchent à l'étranger. On vit une époque bizarre je vous dis. Ya pas comme un problème?
-les salaires seraient ils trop bas? trop de charges patronales? certains seraient ils faignants? des patrons trop gourmands?
Sans doute un peu de tout…
Ceci est le reflet d'une civilisation décadente ,si rien ne change (le changement ne pouvant venir que par chacun d'entre-nous ) nous finirons comme la Rome antique .
Ceci est le reflet d'une civilisation décadente ,si rien ne change (le changement ne pouvant venir que par chacun d'entre-nous ) nous finirons comme la Rome antique .
On y est deja… Descendu dans l'arene (demarrage d'un projet de construction) sans faire gaffe il y a plusieurs mois, je me suis fais mordre par un lion.
Je n'ai pas aimé, mais alors pas du tout, du coup lui non plus n'as pas apprécié mon opposition. J'attends encore que César (le tribunal d'instance) tende le pouce vers le haut ou le bas. ![]()
En attendant je suis allez voir un autre spectacle, bien plus sécurisant.
L'entrée des nouveaux entrants dans l'Europe ne va malheureusement pas profiter a ceux qui en aurait besoin.
C'est une honte! Tu as raison de souligner les faits.
Mais il ne faut pas généraliser. Je connais des cas précis où cela se passe très bien et où cette main d'oeuvre polonaise est très contente (maçonnerie, bucheronnage, montage de maison bois…).
Mais cela relance le débat sur le problème de la main d'oeuvre en france où on remarque plusieurs choses :
-les jeunes ne sont plus intéressés par les métiers "manuels", les entreprises ont du mal à trouver de la main d'oeuvre et certaines cherchent à l'étranger. On vit une époque bizarre je vous dis. Ya pas comme un problème?
-les salaires seraient ils trop bas? trop de charges patronales? certains seraient ils faignants? des patrons trop gourmands?Sans doute un peu de tout…
Pour moi cela ne relance aucun débat hormis l'honnêté de certains entrepreneurs: la pologne fait partie de l'europe on fait appelle à des travailleurs polonais comme à des belges ou des allemands (enfin presque car liste de métiers autorisés)
Donc on les PAIE normalement et pas comme des esclavers mon cher weirdinico tes lieux communs d'explications ne sont que des justifications facile de l'attitude d'esclavagiste moderne…
le fait que les travailleurs polonais puissent venir travailler en toute legalité dans le batiment devrait favoriser un recul de ces pratiques de travail au noir et esclavagistes.
Enfin esperons-le!!!!
weirdnico a écrit :C'est une honte! Tu as raison de souligner les faits.
Mais il ne faut pas généraliser. Je connais des cas précis où cela se passe très bien et où cette main d'oeuvre polonaise est très contente (maçonnerie, bucheronnage, montage de maison bois…).
Mais cela relance le débat sur le problème de la main d'oeuvre en france où on remarque plusieurs choses :
-les jeunes ne sont plus intéressés par les métiers "manuels", les entreprises ont du mal à trouver de la main d'oeuvre et certaines cherchent à l'étranger. On vit une époque bizarre je vous dis. Ya pas comme un problème?
-les salaires seraient ils trop bas? trop de charges patronales? certains seraient ils faignants? des patrons trop gourmands?Sans doute un peu de tout…
Pour moi cela ne relance aucun débat hormis l'honnêté de certains entrepreneurs: la pologne fait partie de l'europe on fait appelle à des travailleurs polonais comme à des belges ou des allemands (enfin presque car liste de métiers autorisés)
Donc on les PAIE normalement et pas comme des esclavers mon cher weirdinico tes lieux communs d'explications ne sont que des justifications facile de l'attitude d'esclavagiste moderne…
Rien ne sert de rugir ;-) Tu n'a pas compris mon point de vue je crois… Et je suis très loin de l'exclavagiste moderne, n'importe quoi. C'est la première fois que l'on me sort cela. En plus, le père de mon amie est polonais!
Mais il ne faut pas généraliser. Je connais des cas précis où cela se passe très bien et où cette main d'oeuvre polonaise est très contente (maçonnerie, bucheronnage, montage de maison bois…).
Quand je disais très contente, cela voulait dire payés normalement, pris en charge à 100% (nourris, logés dans notre belle dordogne, encadrements et formations éventuelles). C'est ici où tu as du me prendre pour un esclavagiste… C'est po grâve :-)
Les équipes que je vois travailler dans notre secteur dans le bâtiment sont bien payés et sont bien encadrés. Cela n'a rien à voir avec certaines pratiques esclavagistes où les intermédiaires s'en mettent plein les poches au passage.
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