Le site Internet de Northswood est très attrayant. On y voit de magnifiques maisons et chalets en bois au pied de la montagne, des intérieurs très design. Mais tout cela n'est qu'illusion car North- swood, se présentant comme le spécialiste de ce type de construction, n'a jamais livré une réalisation. Rémi Olivier, 51 ans, gérant de la SARL Abondance International, qui représente Northswood, invitait les visiteurs intéressés à le rejoindre pour représenter sa marque à travers la France entière. Il vient d'être mis en examen pour escroqueries, abus de confiance, banqueroute par détournement d'actif et augmentation frauduleuse du passif. Il a été placé en détention provisoire à la maison d'arrêt de Gradignan.

Selon les premières investigations des enquêteurs de la division des affaires économiques et financières de la Direction interrégionale de la police judiciaire (DIPJ) de Bordeaux, il aurait abusé une centaine d'agents, bernés par l'aisance de ce beau-parleur qui affirmait avoir établi 800 devis et être propriétaire de plusieurs usines de fabrication de maisons en Lituanie.

Les concessionnaires se déplaçaient au siège de Northswood, à La Teste-de-Buch, pour parapher leur contrat. Les bureaux situés dans une maison étaient occupés par du personnel et rien ne donnait à penser qu'un escroc se cachait derrière ce chef d'entreprise dynamique.

Les agents, souvent des artisans du bâtiment, séduits par le projet, versaient 18 000 euros à la signature et devaient remplir des objectifs sous peine de devoir se retirer, faute de commandes.

Publicité dans les magazines
Au fil des mois, ne voyant pas venir la moindre livraison de bois, certains concessionnaires ont fini par déposer plainte. D'autant que quelques-uns avaient trouvé des clients et versé des arrhes à Rémi Olivier, qui, faut-il le rappeler, bénéficie de la présomption d'innocence à ce stade de l'information judiciaire ouverte auprès du cabinet d'un juge d'instruction bordelais. L'escroquerie porterait sur plus de 1 million d'euros. Les premiers soupçons se sont portés sur Rémi Olivier au printemps dernier, lorsque sa société Home and Terrace, spécialisée elle aussi dans le négoce de bois pour la construction de maisons individuelles, affichait un passif de près de 1,5 million d'euros alors que, là également, aucune livraison n'avait été réalisée.

La société basée à Cenon avait été cédée pour 1 euro symbolique à Agris Eberlins, gérant d'une entreprise en Russie. Quelques mois après, Home and Terrace était en liquidation judiciaire, mais Rémi Olivier, avant de s'en débarrasser, avait pris soin de transférer les contrats de ses agents commerciaux vers Northwood, dont il avait créé en 2009 une entité dans la banlieue de Vilnius, en Lituanie. L'argent récolté transitait d'ailleurs par un compte lituanien avant de revenir en France. Pendant que ses agents parcouraient les foires-expositions à la recherche de clients, Rémi Olivier s'occupait de la publicité sur papier glacé dans des magazines spécialisés. Il s'octroyait un salaire confortable et vivait dans le luxe sur le bassin d'Arcachon.

Lors de sa garde à vue, il aurait avoué ne posséder aucune usine en Lituanie et aurait été incapable de nommer un fournisseur en épicéa et autre mélèze de Sibérie, comme le vante pourtant son site. Quand les policiers de la DIPJ l'ont interpellé, la semaine dernière, il s'apprêtait à faire signer de futurs agents venus de Marseille qui avaient le chéquier à la main !

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