Lu dans le n° de Que Choisir d'avril 2003 (ouais, c'est pas d'hier, mais j'ai trouvé çà dans la salle d'attente de mon garagiste). Sujet : "Construction, l'environnement en résidence surveillée".

Je cite au fil de l'article :

<< A l'étranger, le bâti environnemental est d'ailleurs inscrit dans les moeurs depuis de longues années, que ce soit en Allemagne, en Autriche, dans les pays scandinaves ou aux Etats-Unis. Les américains accordent un label vert, le "green building", aux bâtiments qui le méritent ; les Allemands décernent les labels "habitat passif" et "habitat à basse énergie". ....>>

<<En Suisse, les maisons labellisées Minergie consomment seulement 35% de l'énergie nécessaire à un logement neuf classique.>>

<<Mais en 1996, la France prend le tournant de l'environnement dans la construction. Elle lance un nouveau concept, la HQE....>>   <<Au total, quatorze exigences qui se déclinent par indicateurs, le professionnel CHOISISSANT en fonction des objectifs privilégiés.>> (???)

<<Pourtant, elle fait l'objet de vives critiques. De façon très paradoxale, elles émanent de ceux qui se préoccupent depuis déjà longtemps de construction environnementale.>> … << "Maxime Tassin : "Nous disposons actuellement d'un dispositif opérationnel qui regroupe dix-neuf pays, le Green Building Tool. L'évaluation environnementale du bâti se fait étape par étape à l'aide de listes de contrôle très détaillées. C'est efficace. En comparaison, la HQE me parait relever du discours. Ses quatorze cibles sont de grandes portes ouvertes dans lesquelles on peut mettre à peu près ce que l'on veut. Or tout n'est pas environnemental.>>

L'article cite ensuite les propos de l'architecte Claude Micmacher (voir site http://www.cr3e.com/) qui a suivi une partie des travaux lors du démarrage de la HQE :

<<Ce sont de gros industriels de la construction qui ont voulu surfer sur la vague porteuse de l'environnement. Ils ont tout fait pour que la démarche n'impose pas de contraintes. Peu importe les moyens pourvu que les objectifs soient atteints. Cela peut mener à des aberrations environnementales. Un bâtiment va respecter les exigences de la qualité de l'air mais au prix de dispositifs de purification sophistiqués gros consommateurs d'électricité. On peut atteindre des objectifs en matière d'économie d'énergie sans respecter les règles élémentaires d'orientation en renforçant l'isolation. On va pouvoir mettre des dalles en plastique en HQE alors qu'elles sont indestructibles sauf par le feu, construire en béton malgré son bilan élergétique peu flatteur.>>

<<Enfin, la HQE n'est pas seulement un groupe de réflexion qui se propose d'améliorer le bâti, c'est aussi une marque déposée par l'AIMC (Association des Industries de Produits de Construction). La boucle est bouclée, les industriels contrôlent tout. A quand le PVC (proscrit en construction dans certains pays) ou le béton HQE ?>>

<<Les défenseurs des matériaux naturels, arguments énergétiques à l'appui, s'étranglent ! Quant au consommateur, il est prié d'avaler les couleuvres écologiques que les industriels commence à lui servir sous couvert de haute qualité environnementale.>>

Fin de citation. J'ai abrégé car l'article fait 4 pages bien pleines. Mais le ton est donné. Même l'Ademe est noyautée. Seuls les industriels ont les moyens de payer les agréments et autres certifications. Le pauvre producteur de lin, de laine de mouton ou de chanvre est exclu ! Par contre le placo, l'aluminium, les laines minérales et l'acier ont leur agrément.

Pauvre France !!! Voilà pourquoi je me réfère (au grand dam de certains) à la concurrence européenne. Même si elle est "illégale" en France.

Petite lueur d'espoir : l'article date de 2003, çà a peut-être évolué (dans le bon sens ?) depuis (??????).